HAVREFER – LE HÉRAUT DE LA TEMPÊTE : UN LIVRE HORRIBLEMENT FASCINANT
Titre : Havrefer - Tome 1 : Le héraut de la tempête
Auteur : Richard Ford
Prix : 22€
Éditeur : Bragelonne
Parution : 18 mars 2015
Nombre de pages : 480
Genre : Dystopie, Fantasy, Science-Fiction
Résumé :
Capitale portuaire des États libres, Havrefer était jadis un symbole de puissance. Mais le roi est parti en guerre et la ville pourrit de l'intérieur. Profitant de la fragilité du pouvoir, le seigneur de guerre Amon Tugha approche. Son héraut s'est infiltré dans la cité pour recruter une pègre redoutable, tandis qu'un mystérieux sorcier terrorise la population en commettant d'atroces sacrifices.
Alors que l'ombre du chaos se profile, un groupe inattendu se forme : un mercenaire, une jeune mendiante, un apprenti magicien, une princesse et un assassin vont s'allier ou s'affronter au sein des murs de la cité... sans savoir encore que chacun d'eux a un rôle-clé à jouer dans le destin de Havrefer, qui s'annonce sanglant.
Dégoûtant, vulgaire et addictif. Voilà ce qui résume parfaitement Le Héraut de la tempête, premier tome de la série Havrefer de Richard Ford édité chez Bragelonne.
Dans ce roman, on suit l’histoire de plusieurs personnages qui n’ont d’apparence rien en commun mais dont les chemins vont inévitablement se croiser à un moment ou à un autre : Janessa la princesse rebelle, Loque la petite voleuse aux rêves de grandeur, Nobul le Manteau Vert aux motivations douteuses, Rivière le jeune assassin, Rider le berger dans la peau du loup, Waylian l’apprenti magicien incompétent et Kaira la valeureuse guerrière de Vorena destituée.
L’histoire en elle-même n’est pas des plus originales. Un royaume en paix qui se voit obligé d’entrer en guerre contre un ennemi qui le menace à ses portes. Ce qui fait de ce livre un bon livre c’est d’abord l’univers dans lequel nous plonge l’auteur. Vous rêvez de vivre dans une capitale avec un château, une famille royale et des nobles dans leurs beaux vêtements ? Hé bien vous n’aimeriez pas vivre à Havrefer. Cette ville est crade et encore, le mot est faible. J’ai arrêté de compter le nombre de fois où on nous décrit les roues dont le sol boueux et recouvert de pisse et de merde et où les habitants qui semblent avoir développé la peste ou la gale ne sont vêtus que de bouts de tissus en lambeaux.
Vous rêvez du prince charmant à la fois gentil et viril, du preux chevalier en armure sans peur et sans reproche ? Vous n’en trouverez pas dans ce livre. Les insultes et les insanités fusent à tout va que ce soit de la bouche des hommes comme celle des femmes. Les hommes ont le corps recouverts de cicatrices. Ils sont alcooliques, violents, esclavagistes, accros aux jeux d’argents et clients réguliers des bordels. Enfin, lorsqu’ils ne se font pas passer à tabac et laissés à deux doigts de la mort ou eux-mêmes en train de tuer quelqu’un d’autre. Et quand ils ont peur – car ils sont avant tout humains – vous le savez très vite. Il n’est pas rare qu’ils se pissent dessus ou fassent littéralement dans leur froc. C’est la première fois que je vois dans un roman un personnage se décrire ouvertement en train de se palucher.
Ces descriptions à la fois gênantes et appréciables ne font que rendre cette histoire plus réaliste, loin du cliché des mondes édulcorés que l’on a l’habitude de voir dans les livres. Ici la vérité est dite de façon cruelle mais elle fait du bien.
Mais avant toute chose, c’est les personnages qui éclipsent tout le reste. On ne lit pas pour savoir la suite de l’histoire. On lit pour en découvrir toujours plus sur ces personnages hauts en couleur et suivre leur évolution qui est parfois stupéfiante. Il n’est pas rare qu’un auteur choisisse de changer de point de vue, de passer d’un personnage à un autre en fonction du besoin du scénario. Mais là, Richard Ford a frappé fort. Très fort. Chaque personnage est différent, possède une personnalité propre au point qu’il est parfois dur d’imaginer que chacun est né dans l’esprit d’un seul homme. Ils paraissent bien trop vivants.
La fin du livre me laisse malheureusement sur ma faim. Chaque personnage à la droit à une pseudo-conclusion mais je dois avouer qu’excepté pour un seul personnage dont je tairai le nom, les autres fins m’ont profondément dégoûtées. Mais c’est certainement ce que recherchait l’auteur. Cela renforce l’envie de lire la suite de cette série, La couronne brisée, afin dans l’espoir d’une fin meilleur pour chacun d’eux.